Mesurer la laxité du genou
Le diagnostic de rupture du ligament croisé antérieur est plus complexe qu’il n’y paraît.
L’examen clinique a toute sa place et reste un élément indispensable.
Cependant la présentation n’est pas toujours typique. Idéalement en cas de lésion de ce ligament le patient décrit des dérobements du genou et l’examen retrouve une mobilité anormale du genou lorsqu’une pression est exercée en haut de la jambe, de l’arrière vers l’avant).
Par exemple :
- les dérobements ressentis peuvent avoir d’autres origines : une inhibition douloureuse, une lésion méniscale, une insuffisance musculaire, un corps étranger articulaire
- l’appréciation de cette mobilité anormale peut être faussée par la contraction musculaire, un genou naturellement hyperlaxe, un enraidissement du genou après immobilisation, un épanchement persistant…
Le ligament croisé antérieur est une bande tendue en torsion. Certaines fibres sont plus tendues en extension de genou, d’autres en flexion. Il contrôle le déplacement de la jambe vers l’avant mais aussi en rotation vers le dedans du segment jambier.
L’imagerie peut également être mise en défaut. Excepté le cas ou une rupture nette est diagnostiquée, il existe des ruptures partielles, détente du ligament croisé antérieur, dégénérescence secondaire d’un ligament lésé qui n’est pas visualisée sur une IRM réalisée très précocement par exemple, voire interprétée comme normale
Les appareils de mesure de laxité de genou se sont développés suite à ces constatations et nous nous sommes équipés d’un appareil performant à la clinique de l’Europe : le ROTAB.
Cette acquisition répond à plusieurs objectifs :
- mesurer la laxité de genou, permettre un diagnostic précoce et quantifié
- guider le choix du traitement
- évaluer le résultat de l’intervention sur la stabilisation du genou, étudier, aider à faire progresser nos connaissances
Mesurer la laxité de genou
La jambe est fixée sur l’appareil de mesure, avec des paramètres contrôlés (position du pied, force de serrage au genou), un appui vient effectuer une poussée sous le haut du mollet, et un capteur mesure le déplacement vers l’avant au fur et à mesure de cette poussée. Un capteur permet également de mesurer la rotation de la jambe induite par cette poussée antérieure.
Guider le choix du traitement
En l’absence de traumatisme et de lésion avérée, on peut ainsi dépister un genou plus laxe, à risque de blessure et proposer un programme de renforcement musculaire adapté et préventif. Cela se conçoit surtout lors du suivi des sportifs de haut niveau et centres de formation.
En ce qui concerne le traitement chirurgical d’une lésion avérée, depuis longtemps on s’intéresse à la reconstruction de ce ligament au milieu de l’articulation, en comparant les techniques, le positionnement des fixations sur le fémur et le tibia, savoir si on considère une reconstruction en un ou deux faisceaux…
Depuis peu on accorde plus d’importance aux éléments périphériques, dans le contrôle de la rotation du genou en particulier. Ces éléments déjà connus mais « oubliés » ont amené à grand renfort médiatique à parler en 2013 d’un nouveau ligament identifié dans le genou : le ligament antéro-latéral.
C’est un des intérêts du ROTAB, qui permet de mesurer la différence de rotation entre les 2 genoux. En cas de différence significative on décidera d’ajouter à la technique choisie de reconstruction du ligament croisé antérieur un renfort latéral, suivant le trajet de ce ligament antéro-latéral.
Evaluer les résultats
Cet examen peut être renouvelé à distance de l’intervention, afin de mesurer la laxité résiduelle. En cas de nouvelle entorse, en particulier, l’analyse d’une IRM peut être difficile sur un genou déjà opéré.
Résultat ci-contre d’une intervention très efficace sur le contrôle de la laxité
Après la chirurgie, la courbe du genou opéré se superpose à celle du genou sain